vendredi 6 février 2009

Pouce !


J’ai un énorme défaut : je ne sais pas dire non. Et ce n’est pas tout… je suis extrêmement dévouée et serviable…. Et pour couronner le tout : réactive et efficace (je sais, je me balance des fleurs, mais pourtant c’est vrai !). Vous me direz que ce sont plutôt des qualités. Sauf qu’au boulot, c’est un vrai handicap pour moi, et depuis quelques jours, je n’en peux plus.

Je travaille dans un open space où nous sommes trois à faire le même boulot, avec des dossiers différents certes, mais la base du travail est la même. Donc, l’un peut répondre pour l’autre ou renseigner pour l’autre en cas de besoin. Sauf que dès qu’une personne (prof ou étudiant) a quelque chose à demander (question, fax à passer, photocopie à faire, service à demander, changement de salle, besoin de matériel, dépannage du photocopieur ou du matériel de vidéoprojection, besoin d’un numéro de téléphone….) c’est systématiquement chez moi que les gens viennent. SYSTEMATIQUEMENT. Par moment, je peux avoir 15 personnes dans mon bureau à me demander trois millions de trucs, sans que l’un ou l’autre de mes autres collègues ne lèvent le petit doigt pour aider ! De toute façon, si c’est à eux (surtout un) que quelqu’un demande quelque chose, il ne se gêne pas pour montrer que ça le gonfle, répond qu’il ne sait pas, et replonge son nez sur la page internet perso cachée qu’il est en train de mater… Alors forcément, plus personne ne vient leur (lui) demander quoi que ce soit, autant aller chez la gentille serviable qui sait tout faire ! C’est également systématiquement moi qui remet du papier dans l’imprimante, réalimente le fax en toner et papier, vérifie pour qui sont les fax qui arrivent, cherche des enveloppes au stock quand il n’y en a plus dans le bureau, et même, comble du comble, doit remettre du savon dans les toilettes quand il n’y en a plus, puisque personne ne lève le petit doigt pour le faire.

Sauf que là, je n’en peux plus. Autant de désinvolture, d’incompétence, d’absence d’esprit d’équipe, et je dirais même de foutage de gueule m’exaspère. J’en ai parlé à ma chef, qui en a parlé au niveau supérieur, mais rien n’est fait ! ça me sidère qu’on n’ose pas remettre à leur place des personnes comme ça. Je ne comprends pas pourquoi la direction, qui est au courant, laisse faire… Et pendant ce temps-là, moi je suis payée comme eux.

Vous me direz que je n’ai qu’à leur dire, ou me contenter de faire mon boulot un point c’est tout. Mais c’est plus fort que moi, je suis incapable de dire non, de refuser un service, ou de rembarrer, même gentiment, un prof ou un étudiant qui a besoin de quelque chose, et en plus, je suis payée pour cela aussi. Mais ce soir, après avoir passé deux journées de boulot démentielles à courir dans tous les sens de 8h à 18h non-stop, en grignotant juste un sandwiche entre midi et deux parce que j’ai trop de boulot, je m’effondre, fatiguée, épuisée, déprimée. Déprimée du comportement de ces personnes, et déprimée de mon propre comportement de « faible » qui n’ose pas remettre les gens à leur place pour pouvoir souffler un peu.

En rentrant ce soir, je me suis dit qu’à partir de lundi, il faudrait quand même que je prenne sur moi et que je travaille enfin comme je suis payée, en travaillant comme les autres qui n’ont aucun états d’âme, en faisant simplement le minimum syndical, vu ce que je suis payée, ce serait la moindre des choses… Malheureusement, je sais bien que je dis cela maintenant, mais que dès lundi, ma personnalité de fonceuse, de bosseuse et de serviable, va reprendre le dessus.

« J’ai mal au travail », je commence à détester aller bosser. C’est vraiment dommage, parce qu’il y a deux ans encore, j’étais une vraie passionnée de ce que fait. J’avais eu la chance, en 2002, de trouver ce job, mal payé certes, mais qui m’épanouissait entièrement. J’allais le matin au boulot avec le sourire aux lèvres, j’étais simplement contente d’y aller, je partageais mon bureau avec une équipe du tonnerre (ptite Sandrine, si tu me lis, tu sais combien je te regrette, mais combien j’ai compris ton choix…). Nous étions une équipe de 8 personnes, 8 femmes. Nous nous entendions à merveille, sans jamais nous tirer dans les pattes, sans jamais rien à redire les unes des autres, à toujours travailler dans la solidarité et l’entraide mutuelle. Et dans ces conditions, peu m’importait mon minable salaire de catégorie C de la fac, parce que je m’épanouissais, j’aimais ce que je faisais. Aujourd’hui, après de gros changements organisationnels, rien n’est plus comme avant, et rien ne sera plus jamais comme avant. Des 8 que nous étions, nous ne sommes plus que 2 à bosser encore dans le même pôle. De profonds changements engrangés par la direction ont considérablement modifié nos méthodes de travail et notre façon de faire. Aujourd’hui, il n’est plus question que de profit et de chiffre, au détriment du bien-être et même de la santé des salariés. Et comme bien souvent, ce sont les plus bosseurs et dévoués qui en pâtissent puisque c’est sur eux que l’on décharge le maximum de travail…

Je suis désolée pour cet article très revendicatif d’un système qui fait mal à ses « bons » éléments mais qui ne fait rien contre les « mauvais », mais j’avais vraiment besoin de m’exprimer sur ce sujet qui me touche, me fait mal, et m’angoisse.

Je n’ai qu’une solution, c’est chercher un autre job. C’est de toute façon ce que je ferai dès que nous aurons déménagé, pour pouvoir me rapprocher de mon domicile. J’espère juste qu’avec la conjoncture actuelle, je trouverai quelque chose…. Et malgré tout, je regretterai énormément ma collègue « survivante » de nos débuts avec qui je m’entends à merveille, ainsi que ce que nous étions avant…

5 commentaires:

Anonyme a dit…

top bien C Denamur!!
Pour ce qui de poulaga land.. ben je suis pareille suaf que je passe du coup pour la raleuse de service.. trop perfectionniste dit François pignon!! pfff bref..
si j'zi compris une chose en revanche c'est qu'à force de faire les choses pour pallier aux manqsuements des autres on ne fait que mettre des pansements sur ce qui ne va pas.. et ça ne se voit jamais .. alors arrete tout simplement le fax/toner/papier à reassortir. Lorsque tes collègues l'auront pratiqué deux trois fois san que tu devances les interventions, ils s'y mettront forcément..
Un jour, mon meilleur managementaumondedelaWorlCie -qui n'est assurement pas François Pignon LOL- m'a dit: " Nadège, ce n'est QUE du travail"..
Il avait raison..
La vraie vie et l'essentiel est ailleurs..
tout les jours j'y pense lorsque je sens la moutarde chatouiller mon nez!!!
Courage
2 jours de break!!
Calou me charge de te passer le bonjour!!!
Des gros bisous!!
LaNAdj

fofie a dit…

et si tu faisais un petit break ??
parceque prendre sur soi , ça va un moment et pis , après crak !!
et ça serait dommage !!
avec tout ce que vous avez vécu ces derniers temps , avec les soucis qui se sont rajouté avec la maison , si en plus , le taf ne constitue plus un ailleurs protecteur ben moi je dirais pause !!
préserves toi ma douce , même si ce n'est pas dans tes habitudes , penses à toi !!!
avant mon blocage , je n'aurais jamais imaginé m'arrêter comme ça et pis finalement , j'arrive à prendre du recul et pas que sur l'adoption ....
mon boulot , j'en parle souvent et bien là , je comprends bien des choses sur mon sur-investissement et je comprends aussi que personne est irremplaçable !!!
alors , voilà , ce que je peux te dire à la lecture de tes mots , le travail ne vaut pas qu'on se fasse mal !!!
plein de bisous ....

Val a dit…

coucou
mais tu as raison apprendre à dire non ca s'apprend !
sinon tu te fais marcher sur le spieds et on profite de toi !
si tu as besoin de renouveau pk pas une formation
repose toi bien ce we
bisous
val

Anonyme a dit…

C'est marrant, en te lisant j'ai l'impression de revivre ce qu'il s'est passé dans ma boîte! Tout pour les actionnaires en déniant toute logique du travail et en ne sanctionnant pas les mauvais éléments en dépit de leur non-envie de participer à l'effort d'entreprise et du coup à démoraliser ceux qui y croyaient.
Je suis en congé parental (mon 1er a 4 ans en avril, ma 2e a 18 mois) et je viens d'obtenir mon agrément pour être ass mat car mon congé parental m'a permis de voir oh combien je suis mieux zen avec des enfants, oh combien mon emploi ne me manque pas et oh combien j'en ai marre d'être une des gentilles qui doit dire oui amen aux cons de la boîte et qui vient d'apprendre qu'en plus, au bout de 18 mois d'absence je viens de me faire traiter de raciste!! Marre des cons, je suis heureuse de passer à l'innocence et à la franchise des enfants!
Bon courage j'espère de tout couer que tu vas trouver enfin un emploi et surtout des employeurs qui te conviendront!

Bisous!

Anonyme a dit…

trouver un autre job ? Oui c'est une solution mais vu le contexte, autant être patiente. Et comme le dit Nadj, tout simplement, arrête de remplacer tout ce qui manque, tu verras, personne jamais ne t'en voudras. J'ai très longtemps été comme toi, sans savoir dire non, et cela me bouffait de voir que d'autres bénéficiaient d'autant d'estime que moi, voire plus, en dfaisant moins de choses. N'aurais tu pas, outre un tempérament serviable, un bon besoin de reconnaissance ? Ce n'est pas un crime, j'aime aussi qu'on reconnaisse mon job, mais sur ces petites choses là, laisse un post it, la prochaine fois, sur le fax, et qui dira "merci de remettre du toner". Quelqu'un le fera, obligé !
Bises !