samedi 29 novembre 2008

"Les enfants adoptés se reconstruisent aussi"

Lu dans la presse hier :

C’est la première fois que sont réunis aujourd’hui, des chercheurs en pédiatrie et en psychiatrie du monde entier, qui ont étudié « la résilience » chez les enfants adoptés, cette capacité à se reconstruire malgré un traumatisme. Venus de Rotterdam, de Stockholm ou de Paris, ils sont –avec le psychiatre Boris Cyrulnik- les invités d’une journée scientifique inédite, organisée à Nantes dans le cadre du congrès du Mouvement pour l’adoption sans frontière, l’une des deux grandes associations de familles adoptives en France. Et leurs conclusions devraient redonner du baume au cœur aux parents, aux enfants, à tous ceux qui ont intégré l’idée qu’un enfant adopté à l’étranger était forcément « blessé à vie par l’abandon et le déracinement ». « Aujourd’hui, l’adoption internationale est présentée comme une aventure à hauts risques, pleine de douleurs et de retours de bâton… » regrette Hélène Mahéo, Présidente de l’association. « Il se passe pourtant des tas de petits miracles chez des enfants cabossés. Et la science le démontre ! ».

Quel que soit le milieu d’accueil…Ainsi, les suédois qui ont mené la plus grosse enquête en suivant quinze mille enfants adoptés à l’étranger, ont comparé le sort de ces enfants à celui de tous les autres petits suédois. Et s’ils ont effectivement un peu plus de soucis réels et mesurables que les enfants non adoptés, ils en ont moins que les enfants nés à l’étranger venus en Suède avec leur famille. Une étude néerlandaise menée durant quinze ans sur plus de trois mille enfants adoptés montre d’ailleurs que la plupart de ces soucis sont transitoires : à 25 ans, il n’en reste plus trace chez la grande majorité d’entre eux. Le généticien français des populations, Michel Duyme, s’est intéressé au cerveau d’enfants adoptés accusant un gros retard intellectuel (QI inférieur à 85). Une fois intégrés dans une famille, tous ces enfants ont vu leur QI augmenter, quel que soit le milieu d’accueil. Ceux qui ont été adoptés par des cadres supérieurs ont même récupéré des QI de 100, rejoignant la norme –sans toutefois atteindre le QI moyen des enfants de cadres qui est de 112-. « C’est ça la résilience, conclut Jacques Chomilier, organisateur du congrès et lui-même chercheur. On ne récupère pas tout, mais on récupère. En tout cas, les jeux ne sont pas faits.

« C’est traumatisant… et pourtant je vais bien ! »
Nicolas, 30 ans, adopté en Colombie à 5 ans


Aujourd’hui encore, il a du mal à évoquer son pire souvenir. Nicolas avait 4 ans, et si faim dans l’orphelinat, où lui, son frère et ses sœurs avaient été abandonnés par leur mère un an plus tôt, qu’il mangeait…. De la terre. « Un jour, j’ai avalé un ver de terre, grimace-t-il. Et le ver, qui n’était pas mort, est ressorti par mon nez. » Ce cauchemar éveillé résume toutes les visions, les sensation, les angoisses que ce trentenaire, aujourd’hui patron d’une entreprise d’énergie renouvelable, à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), a dû dépasser pour être aussi serein, souriant, convaincant. « Bien sûr que c’est traumatisant de naître dans un pays en voie de développement, d’être abandonné, balloté… Et pourtant, vous voyez, je vais bien ! ».

En-dehors du visage maternel, dont seule sa sœur a gardé le souvenir, il n’a rien oublié. Ni l’orphelinat, ni la faim, ni ce grand voyage qui l’a propulsé dans un petit village du Maine-et-Loire. Encore moins les curieux qui s’approchaient pour venir espionner ces quatre « extraterrestres » adoptés par le garagiste et sa femme. « On ne manquait plus de rien, mais on ne pouvait pas s’empêcher de piquer des bouts de saucisson à table pour les cacher sous nos oreillers ! ».

Lui, n’a pas eu de problème à l’école, pas de tics, pas de retard, pas d’adolescence chaotique… « Mais aujourd’hui encore, la peur de l’abandon est là : je panique quand je sens que les gens n’ont pas d’intérêt pour moi », sourit-il. Papa d’une petite Laura, il a monté une association pour venir en aide à son ancien orphelinat. « N’importe quelle lésion, même profonde, peut cicatriser. Elle gratte un peu, mais elle s’estompe », veut-il croire. « C’est une question de regard qu’on porte sur sa vie »…


L’article se termine par un communiqué : « Le Ministère des Affaires Etrangères a annoncé hier la suspension provisoire des adoptions au Cambodge, pays pour lequel 1 100 dossiers français sont sur liste d’attente. Il s’agit de laisser le temps au Cambodge de traiter les dossiers en cours et de mettre en place une nouvelle organisation ».

Cela coïncide avec le coup de fil que j’ai reçu hier au boulot… J’ai en effet eu la surprise d’avoir un appel téléphonique de Stéphane, un de mes anciens étudiants ayant adopté une fratrie de deux enfants au Brésil. Il voulait nous féliciter pour l’obtention de l’agrément et savoir où nous en étions dans nos démarches. Je lui ai donc parlé de notre premier choix vers Médecins du Monde (O.A.A par lequel lui-même et son épouse sont passés pour adopter J. et L.). Il m’a alors demandé si nous avions éventuellement fait mention dans notre courrier, de notre « choix de pays », et si nous avions solliciter de pouvoir adopter dans les pays « saturés », si nous nous étions renseignés sur le site de l’AFA des pays qui étaient actuellement saturés. Je lui ai dit qu’effectivement non, notre « choix » ne se tournait pas vers les pays actuellement saturés que sont le Vietnam et la Thaïlande, et je découvre donc aujourd’hui que le Cambodge fait également partie du lot dorénavant. Non, notre choix s’oriente plutôt vers l’Amérique latine, Madagascar ou même Haïti. En revanche, l’Asie ne nous attire pas plus que ça, et finalement, d’après Stéphane, c’est très bien puisque notre profil correspondrait tout à fait aux pays que nous avons « choisis ». En tout cas, il nous a chaleureusement encouragés pour la suite, à l’entendre, nous avons le profil, mais je préfère ne pas me faire d’illusions, compte-tenu du paysage actuel de l’adoption où les dossiers affluent de partout dans un pays comptant déjà plus de 25 000 familles titulaires d’un agrément et en attente d’un enfant… Mais discuter avec lui de tout cela m’a fait beaucoup de bien, et j’ai énormément apprécié son coup de fil.

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